ÎLE

PROJECTION FESTIVAL A L'EST 16 mars 2024

PROJECTION GALERIE ANALIX FOREVER GENÈVE décembre 2023
Présentation par Paul Ardenne

Un film de Véronique Caye
Image & montage Véronique Caye
Partition sonore Philippe Langlois
Production Laboratoire Victor Vérité

Sur une île inconnue, un chien observe la nature. Une grotte respire, des rochers crient, des végétaux chantent, l’océan pleure. Dans cette sauvagerie, Île se révèle être une entité intelligente, vivante et magique, imposant sa vérité et ses lois face à une humanité absente et dépassée.  Île devient espace de projection pour repenser la place de la nature dans notre monde moderne.

« Le rapport à la nature, au vivant, est un rapport qui s’est détérioré à tel point que on ne sait plus quelle est notre place dans cet élément naturel, même si on y a une place légitime. L’anthropocène tend à délégitimer la présence de l’humain dans le monde naturel, dans l’espace environnemental : biosphère, Gaia, la Pachamama peut importe comment vous l’appelez.
Ici, il s’agit de quelque chose de tout à fait troublant, vous avez l’exploration d’une île qui voit l’artiste, la vidéaste Véronique Caye se fixer uniquement sur des phénomènes naturels très très simples : une vague, de la mousse, du vent, des animaux, avec un guidage qui est fait par un chien blanc : un animal, qui serait l’équivalent mental de notre quête, de notre volonté de chercher et de ne rien oublier dans un territoire, de l’investiguer comme le chien peut le faire quand on lui dit « Cherche, cherche, vas-y, va voir !».
Ce qui est intéressant, c’est que cela fait parti de cette grande tradition depuis le salon de 1859 à Paris, dans lequel Charles Baudelaire, le poète que l’on connaît, mais aussi le grand critique, note qu’un nouveau type de paysages viennent d’apparaître : des paysages dans lesquels il n’y a plus d’humain, dans lesquels les humains ne sont plus représentés. Il parle de « l’univers sans l’homme ». Le paysage anthropofuge n’a jamais existé jusqu’à présent. Même dans la plupart des paysages, des forêts ou des peintures de Jacob van Ruisdael … il y a toujours un humain qui se promène, qui donne l’échelle, qui montre que ce monde a été fait pour nous.
Et là, au contact des images de « Île », on se demande très précisément si ce monde est fait pour nous ? On sait aujourd’hui que ce n’est pas le cas. On sait bien que la nature n’est pas quelque chose comme le dit la Genèse que Dieu nous a donné pour qu’on en profite ad libitum – selon notre volonté. La nature  a son rythme, ses fréquences, ses peuplements spécifiques dont on ne fait que subsidiairement parti, avant peut-être de disparaître. « Ile » est vraiment une œuvre de l’âge de l’anthropocène. »

Paul Ardenne, Galerie Analix Forever Genève 20 décembre 2023

 



 

 

On an unknown island, a dog observes nature. A cave breathes, rocks scream, plants sing, the ocean cries. In this savagery, « Island » reveals itself to be an intelligent, living, magical entity, imposing its truth and its laws on an absent, impotent humanity.